AMOUR PARCHEMINÉ
Quan les fenêtres comme l’œil du chacal et
le désir percent l’aurore, des treuils de soie me hissent sur les passerelles
de la banlieue. J’appelle une fille qui rêve dans la maisonnete dorée; elle me
rejoint sur les tas de mousse noire et m’offre ses lèvres qui sont des pierres
au fond de la rivière rapide. Des pressentiments voilés descendent les marches
des édifices. Le mieux est de fuir les grands cylindres de plume quand les
chasseurs boitent dans les terres détrempees. Si l’on prend un bain dans la
moire des rues, l’enfance revient au pays, levrette grise. L’homme cherche sa
proie dans les airs et les fruits sèchent sur des claies de papier rose, à
l’ombre des noms démesurés par l’oubli. Les joies et les peines se répandent
dans la ville. L’or et l’eucalyptus, de même odeur, attaquent les rêves. Parmi
les freins et les edelweiss sombres se reposent des formes souterraines
semblables à des bouchons de parfumeurs.
André Breton.